vendredi 23 janvier 2015

( Du feu du bruit pour mériter le silence )

( J'ai dansé longuement au creux de tes ruelles pavées, la paume des mains contre tes maisons penchées, agrippées aux collines, j'ai respiré ton soleil plus grand et plus près qui tombait droit sur tes murs ravagés, immense déflagration, écouté le bruissement de tes forges, de tes kafanas et tes quartiers de promiscuité, j'ai aimé la musique des prières que chantaient les minarets aux heures les plus chaudes, les visages burinés qui me confiaient leur passé, multitude, et la voix du vent dans les forêts qui t'entourent, longue litanie qui raconte là où tes guerre sont encore enterrées, j'ai goûté l'amour des retrouvailles, les souvenirs qui reviennent contre le coeur dans un vaste fracas, multitude, bruit, silence, et la douceur évanescente de l'immensité de ton ciel qui couvre ta vallée, j'ai pleuré ce qui te déchire et te meurtri, pleuré tes doutes et tes cicatrices et surtout, surtout, j'ai aimé les voix qui t'ont traversé et te traversent encore, invocations lumineuses qui me bercent lorsque je parle seule ta langue pour ne pas oublier. On m'a demandé si je te reviendrais. )




dimanche 4 janvier 2015

( Des jezve sous ton oreiller )

( J'ai marché dans tes rues qui sentaient bon l'essence et l'asphalte brûlée, le poids du sac contre le dos, j'ai goûté au soleil de l'est comme une lame chauffée à blanc contre ma peau, aveuglée à l'aube par le silence du Danube qui se love entre tes rives, les rétines trop grandes de souvenirs que j'empoigne, j'ai dansé tes nuits, insomnies absolues, j'ai été engloutie dans la rumeur de ton peuple, réverbérée par les murs dont les histoires sont racontées à ma mémoire aveugle, je me suis calfeutrée dans les accents de ta langue qui ont chanté dans mon ventre et traversé mes paupières, incendiée par tes colères séculaires qui ont ouvert le ciel, j'ai longuement hésité, nomade au carrefour de tes vies, vers tes clochers bleus qui s'agrippent au chevet du monde, je me suis laissée glisser le long de tes avenues sans ombres et j'ai appris, j'ai appris la solitude, le silence, la rencontre, l'ennui, l'absence, le bonheur. On m'a demandé si je t'avais aimé. )







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