dimanche 21 juin 2015

( Twisted )

Ciel de Bruxelles. 5 pm. Home.
Combien, combien de choses s'interdit-elle depuis ?
Combien, elle compte le soir, dans le lit trop vide.
Un millier de gestes retenus. Un millier de chansons reléguées dans la poussière avec les débris de son corps, un millier de musiques dont les notes la percutent douloureusement.
Combien, et elle compte, silencieuse.
Un millier d'endroits devenus inaccessibles. Un millier de visages perdus. Un millier de manques, tapis sous sa peau.
Combien de temps lui faudra-t-il pour arriver au bout du compte ?
Un millier d'odeurs dont les noms résonnent à sa mémoire, faille béante. Un millier. Un millier de possibles soudainement évanouis. Un millier d'autre qui s'ouvre.
Combien de secondes, de minutes, d'heures, de jours et de nuits, de semaines et de mois, combien de milliers d'années ?
Un millier d'instants qui se succède, qui jamais ne semble l'éloigner du seul dont elle ne veut se souvenir. Un millier d'instants, tapisserie gigantesque qui se délite sous ses pieds.
Combien de mots ravalés, parce qu'elle ne trouve pas les justes ?
Un millier de silences, et un millier d'absences.
Combien ?

vendredi 10 avril 2015

( Chance doesn't exist, there's only rendez-vous )

(Российская Федерация)Part 1.
 
 




 ( L'agitation la réveille, la gravité qui rappelle le lourd animal de métal à l'ordre. Le voyant lumineux, ceinture à nouveau obligatoire. Elle se redresse, obéit. Sa joue chaude qu'elle avait enfoui dans la douceur du plaid, Aeroflot Property, ses cheveux en bataille, sa nuque humide. Elle se penche sur le hublot, et là, magie. Premier visage de la Russie. Elle n'oublie jamais ces premiers instants, ce qui lui est révélé et ce que ça provoque comme vacillement dans les fondations de sa vie. Des sapins, et de la neige. Des étendues, immenses, terre brûlée par le froid. Le soleil rase la plaine, ça lui donne envie de pleurer, toute cette lumière au fond de la rétine.)
( Extrait)

lundi 9 mars 2015

( Et j'ai encore le goût de nos nuits blanches sur les lèvres )

( J'ai refais du café turc ce matin. Des mois que je n'en avais plus bu, il aurait eu le goût trop douloureux de la mémoire qui s'ouvre. Les yeux à demi fermés, une lumière de printemps qui soulève les grains de poussière, les fenêtres ouvertes, le froid, l'odeur de terre. Les gestes sont connus, gravés, il ne faut pas y réfléchir, ça revient tout seul. Dans le marc de café, il me reste des souvenirs accrochés en lambeau, la Ville Blanche sous les orages, la chaleur sourde qui montait du bitume, les nuits brûlantes qui éclataient au-dessus de nos têtes. Les aubes qui n'en finissaient pas de finir nous laissaient pantelants, et je me souviens, ça me ferait pleurer, mais je ne pleure plus, j'avale. L'absurdité du manque qui colle à la peau comme une lame chauffée à blanc. Il n'y a plus de miel, seulement le souvenir sucré. )









vendredi 6 mars 2015

( Des soleils brûlent dans nos bougies )

( Il y a Jojo, Crnch et Yo. On les appelle les Echte Kastars, ils racontent des blagues avec un accent très fort qui me fait rire en-dedans comme un grand courant d'air. Je leur dessine des choses qu'ils iront tatouer sur leurs corps. J'aime leurs éclats de rire et de voix, l'odeur chez eux, les pyramides de canettes et les cendriers qui dégueulent. On ne refait jamais le monde, on joue à pierre papier ciseau ou au bras de fer. Je perds toujours. Il y a S, qui m'apprend des nouveaux mots que je note sur des bouts de papier qui trainent, factures et tickets de métro, je les accroche au mur, nécrophage, niquedouille, mansuétude, salmigondis. On écoute l'opéra de Norma et les Variations Goldberg, il rassure comme un père. Il y a l'autre S, on regarde le cul des filles, on marchande ce qu'on a et ce qu'on a pas, on se confie nos envies de solitude. Il y a L, on se partage nos histoires d'absence d'amour en murmurant. Il a une voix grave et la gentillesse gravée au fond des yeux, profonds de nombreux voyages. Il y a P et F, les grands qui font semblant d'être sérieux, ils font des grimaces quand personne ne regarde. Il y a M et C, douces et fortes, on se raconte nos failles, toujours la tête droite. Elles sont fluettes, mais solides. Il y a la vieille Clark, mais sa mémoire est sans faille, impressionnante de précision, il dit c'est merveilleux à tout bout de champs et adore parler de sexe au petit-déjeuner. Tous, on partage le travail, les poèmes sur les pets, la musique, les répliques de Dikkenek et le sommeil qui n'arrive que lorsque le soleil avale le ciel. Nous n'avons rien et tout en commun. Je me sens un peu chez moi. )

vendredi 23 janvier 2015

( Du feu du bruit pour mériter le silence )

( J'ai dansé longuement au creux de tes ruelles pavées, la paume des mains contre tes maisons penchées, agrippées aux collines, j'ai respiré ton soleil plus grand et plus près qui tombait droit sur tes murs ravagés, immense déflagration, écouté le bruissement de tes forges, de tes kafanas et tes quartiers de promiscuité, j'ai aimé la musique des prières que chantaient les minarets aux heures les plus chaudes, les visages burinés qui me confiaient leur passé, multitude, et la voix du vent dans les forêts qui t'entourent, longue litanie qui raconte là où tes guerre sont encore enterrées, j'ai goûté l'amour des retrouvailles, les souvenirs qui reviennent contre le coeur dans un vaste fracas, multitude, bruit, silence, et la douceur évanescente de l'immensité de ton ciel qui couvre ta vallée, j'ai pleuré ce qui te déchire et te meurtri, pleuré tes doutes et tes cicatrices et surtout, surtout, j'ai aimé les voix qui t'ont traversé et te traversent encore, invocations lumineuses qui me bercent lorsque je parle seule ta langue pour ne pas oublier. On m'a demandé si je te reviendrais. )




dimanche 4 janvier 2015

( Des jezve sous ton oreiller )

( J'ai marché dans tes rues qui sentaient bon l'essence et l'asphalte brûlée, le poids du sac contre le dos, j'ai goûté au soleil de l'est comme une lame chauffée à blanc contre ma peau, aveuglée à l'aube par le silence du Danube qui se love entre tes rives, les rétines trop grandes de souvenirs que j'empoigne, j'ai dansé tes nuits, insomnies absolues, j'ai été engloutie dans la rumeur de ton peuple, réverbérée par les murs dont les histoires sont racontées à ma mémoire aveugle, je me suis calfeutrée dans les accents de ta langue qui ont chanté dans mon ventre et traversé mes paupières, incendiée par tes colères séculaires qui ont ouvert le ciel, j'ai longuement hésité, nomade au carrefour de tes vies, vers tes clochers bleus qui s'agrippent au chevet du monde, je me suis laissée glisser le long de tes avenues sans ombres et j'ai appris, j'ai appris la solitude, le silence, la rencontre, l'ennui, l'absence, le bonheur. On m'a demandé si je t'avais aimé. )







mardi 24 juin 2014

( Ashore )




Merci à ma soeurette pour ce petit aperçu de mon expo :) Et merci à Cooka et Dim sans qui elle n'aurait probablement jamais vu le jour.
Pas beaucoup de mise à jour pour le moment, je suis en plein déménagement.

Des baisers sur le bout de vos nez, les moches, à bientôt.

mercredi 28 mai 2014

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