" Il y a deux formes de destin : un destin vertical et un destin horizontal. "( Amin Maalouf )
jeudi 24 novembre 2016
lundi 3 août 2015
( Sans feu ni lieu )
Ciel de Bruxelles. 5 am. Home. |
( Extrait d'une nouvelle. )
( Elle se souvient des matins de cette fin du mois de mars. L’appartement était trop chauffé, elle transpirait en se levant, la mince couverture rejetée à ses pieds. Des reflets oranges baignaient la chambre d'une lueur dorée, à cause des rideaux. Elle se faisait un café en se souvenant du moment où il était parti, quelques heures plus tôt, embrassant la paume de sa main. Se roulait une cigarette en faisant attention de ne pas disperser de brins de tabac sur le sol, assise à la table de la cuisine, le carrelage frais sous ses pieds, la lumière qui envahissait la pièce à flot. Ce sentiment étrange d’être si loin de chez-soi. L’inconnu, en-dedans et en-dehors des quatre murs qui la protégeaient. Elle s’emmitouflait dans un de ses pulls, un gris clair, très large, elle flottait, on aurait pu en mettre trois comme elle, dedans. Sortait sur la terrasse, chaque matin aussi étonnée du soleil blanc, des reverbérations de la neige qui lui vrillaient les yeux, du froid qui emprisonnait chaque chose. Chaque matin aussi étonnée de voir ce paysage sous ses yeux, aussi étonnée de ne pas reconnaître les odeurs. Et elle se souvient que l’étonnement avait la couleur du ravissement, de la fragile flamme du ravissement. Son souffle se matérialisait à chaque expiration, étreignant sa poitrine de sa caresse glacée. Elle se souvient de ce qu’elle voyait depuis la fenêtre, le bâtiment en bas de la rue à moitié abandonné où survivait une petite pharmacie dont le voyant lumineux indiquait l’heure, des banderoles recouvertes de cyrrilique qui flottaient, déchirées. Les champs blanchis où tranchaient les taches sombres des sapins, la frontière de la ville, délimitée par d’immenses barrières de fer barbelé, et au-delà, la route, longue bande grise d’où elle percevait le ronronnement lointain. Elle fumait lentement, ses joues rougies par le froid, ses mains cachées dans les manches, savourant l’odeur sucrée du tabac de là-bas, qui se mariait délicieusement avec l’attente, l’amour et les arômes du café. Elle se penchait, et l’entendait arriver avant de le voir, la longue voiture blanche, des éclaboussures de boue sur ses flancs, trainées brunes et épaisses. Elle reconnaissait sa démarche, la façon qu’il avait de bouger les épaules, de se déchancher légèrement, comme s’il marchait sur le rythme d’une musique que lui seul entendait. Parfois il levait la tête, leurs regards se croisaient et chaque fois, chaque fois, son coeur s’emballait, comme si c’était la première fois.
Elle se souvient qu’elle comptait les jours, tous les matins.
Et qu’un jour, elle était arrivée
au dernier. )
dimanche 21 juin 2015
( Twisted )
Ciel de Bruxelles. 5 pm. Home. |
Combien, combien de choses s'interdit-elle depuis ?
Combien, elle compte le soir, dans le lit trop vide.
Un millier de gestes retenus. Un millier de chansons reléguées dans la poussière avec les débris de son corps, un millier de musiques dont les notes la percutent douloureusement.
Combien, et elle compte, silencieuse.
Un millier d'endroits devenus inaccessibles. Un millier de visages perdus. Un millier de manques, tapis sous sa peau.
Combien de temps lui faudra-t-il pour arriver au bout du compte ?
Un millier d'odeurs dont les noms résonnent à sa mémoire, faille béante. Un millier. Un millier de possibles soudainement évanouis. Un millier d'autre qui s'ouvre.
Combien de secondes, de minutes, d'heures, de jours et de nuits, de semaines et de mois, combien de milliers d'années ?
Un millier d'instants qui se succède, qui jamais ne semble l'éloigner du seul dont elle ne veut se souvenir. Un millier d'instants, tapisserie gigantesque qui se délite sous ses pieds.
Combien de mots ravalés, parce qu'elle ne trouve pas les justes ?
Un millier de silences, et un millier d'absences.
Combien ?
vendredi 10 avril 2015
( Chance doesn't exist, there's only rendez-vous )
(Российская Федерация)Part 1.

( Extrait)( L'agitation la réveille, la gravité qui rappelle le lourd animal de métal à l'ordre. Le voyant lumineux, ceinture à nouveau obligatoire. Elle se redresse, obéit. Sa joue chaude qu'elle avait enfoui dans la douceur du plaid, Aeroflot Property, ses cheveux en bataille, sa nuque humide. Elle se penche sur le hublot, et là, magie. Premier visage de la Russie. Elle n'oublie jamais ces premiers instants, ce qui lui est révélé et ce que ça provoque comme vacillement dans les fondations de sa vie. Des sapins, et de la neige. Des étendues, immenses, terre brûlée par le froid. Le soleil rase la plaine, ça lui donne envie de pleurer, toute cette lumière au fond de la rétine.)
lundi 9 mars 2015
( Et j'ai encore le goût de nos nuits blanches sur les lèvres )
( J'ai refais du café turc ce matin. Des mois que je n'en avais plus bu, il aurait eu le goût trop douloureux de la mémoire qui s'ouvre. Les yeux à demi fermés, une lumière de printemps qui soulève les grains de poussière, les fenêtres ouvertes, le froid, l'odeur de terre. Les gestes sont connus, gravés, il ne faut pas y réfléchir, ça revient tout seul. Dans le marc de café, il me reste des souvenirs accrochés en lambeau, la Ville Blanche sous les orages, la chaleur sourde qui montait du bitume, les nuits brûlantes qui éclataient au-dessus de nos têtes. Les aubes qui n'en finissaient pas de finir nous laissaient pantelants, et je me souviens, ça me ferait pleurer, mais je ne pleure plus, j'avale. L'absurdité du manque qui colle à la peau comme une lame chauffée à blanc. Il n'y a plus de miel, seulement le souvenir sucré. )
vendredi 6 mars 2015
( Des soleils brûlent dans nos bougies )
vendredi 23 janvier 2015
( Du feu du bruit pour mériter le silence )
( J'ai dansé longuement au creux de tes ruelles pavées, la paume des mains contre tes maisons penchées, agrippées aux collines, j'ai respiré ton soleil plus grand et plus près qui tombait droit sur tes murs ravagés, immense déflagration, écouté le bruissement de tes forges, de tes kafanas et tes quartiers de promiscuité, j'ai aimé la musique des prières que chantaient les minarets aux heures les plus chaudes, les visages burinés qui me confiaient leur passé, multitude, et la voix du vent dans les forêts qui t'entourent, longue litanie qui raconte là où tes guerre sont encore enterrées, j'ai goûté l'amour des retrouvailles, les souvenirs qui reviennent contre le coeur dans un vaste fracas, multitude, bruit, silence, et la douceur évanescente de l'immensité de ton ciel qui couvre ta vallée, j'ai pleuré ce qui te déchire et te meurtri, pleuré tes doutes et tes cicatrices et surtout, surtout, j'ai aimé les voix qui t'ont traversé et te traversent encore, invocations lumineuses qui me bercent lorsque je parle seule ta langue pour ne pas oublier. On m'a demandé si je te reviendrais. )
dimanche 4 janvier 2015
( Des jezve sous ton oreiller )
( J'ai marché dans tes rues qui sentaient bon l'essence et l'asphalte brûlée, le poids du sac contre le dos, j'ai goûté au soleil de l'est comme une lame chauffée à blanc contre ma peau, aveuglée à l'aube par le silence du Danube qui se love entre tes rives, les rétines trop grandes de souvenirs que j'empoigne, j'ai dansé tes nuits, insomnies absolues, j'ai été engloutie dans la rumeur de ton peuple, réverbérée par les murs dont les histoires sont racontées à ma mémoire aveugle, je me suis calfeutrée dans les accents de ta langue qui ont chanté dans mon ventre et traversé mes paupières, incendiée par tes colères séculaires qui ont ouvert le ciel, j'ai longuement hésité, nomade au carrefour de tes vies, vers tes clochers bleus qui s'agrippent au chevet du monde, je me suis laissée glisser le long de tes avenues sans ombres et j'ai appris, j'ai appris la solitude, le silence, la rencontre, l'ennui, l'absence, le bonheur. On m'a demandé si je t'avais aimé. )
mardi 24 juin 2014
( Ashore )
Merci à ma soeurette pour ce petit aperçu de mon expo :) Et merci à Cooka et Dim sans qui elle n'aurait probablement jamais vu le jour.
Pas beaucoup de mise à jour pour le moment, je suis en plein déménagement.
Des baisers sur le bout de vos nez, les moches, à bientôt.
dimanche 1 juin 2014
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