lundi 3 août 2015

( Sans feu ni lieu )

Ciel de Bruxelles. 5 am. Home.
( Ceci )
( Extrait d'une nouvelle. )
( Elle se souvient des matins de cette fin du mois de mars. L’appartement était trop chauffé, elle transpirait en se levant, la mince couverture rejetée à ses pieds. Des reflets oranges baignaient la chambre d'une lueur dorée, à cause des rideaux. Elle se faisait un café en se souvenant du moment où il était parti, quelques heures plus tôt, embrassant la paume de sa main. Se roulait une cigarette en faisant attention de ne pas disperser de brins de tabac sur le sol, assise à la table de la cuisine, le carrelage frais sous ses pieds, la lumière qui envahissait la pièce à flot. Ce sentiment étrange d’être si loin de chez-soi. L’inconnu, en-dedans et en-dehors des quatre murs qui la protégeaient. Elle s’emmitouflait dans un de ses pulls, un gris clair, très large, elle flottait, on aurait pu en mettre trois comme elle, dedans. Sortait sur la terrasse, chaque matin aussi étonnée du soleil blanc, des reverbérations de la neige qui lui vrillaient les yeux, du froid qui emprisonnait chaque chose. Chaque matin aussi étonnée de voir ce paysage sous ses yeux, aussi étonnée de ne pas reconnaître les odeurs. Et elle se souvient que l’étonnement avait la couleur du ravissement, de la fragile flamme du ravissement. Son souffle se matérialisait à chaque expiration, étreignant sa poitrine de sa caresse glacée. Elle se souvient de ce qu’elle voyait depuis la fenêtre, le bâtiment en bas de la rue à moitié abandonné où survivait une petite pharmacie dont le voyant lumineux indiquait l’heure, des banderoles recouvertes de cyrrilique qui flottaient, déchirées. Les champs blanchis où tranchaient les taches sombres des sapins, la frontière de la ville, délimitée par d’immenses barrières de fer barbelé, et au-delà, la route, longue bande grise d’où elle percevait le ronronnement lointain. Elle fumait lentement, ses joues rougies par le froid, ses mains cachées dans les manches, savourant l’odeur sucrée du tabac de là-bas, qui se mariait délicieusement avec l’attente, l’amour et les arômes du café. Elle se penchait, et l’entendait arriver avant de le voir, la longue voiture blanche, des éclaboussures de boue sur ses flancs, trainées brunes et épaisses. Elle reconnaissait sa démarche, la façon qu’il avait de bouger les épaules, de se déchancher légèrement, comme s’il marchait sur le rythme d’une musique que lui seul entendait. Parfois il levait la tête, leurs regards se croisaient et chaque fois, chaque fois, son coeur s’emballait, comme si c’était la première fois.
Elle se souvient qu’elle comptait les jours, tous les matins.
Et qu’un jour, elle était arrivée au dernier. )

2 commentaires:

  1. «C'est une folie d'haïr toutes les roses parce que une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce quelque chose a échoué...
    C 'est une folie de condamner toutes les amitiés parce qu'une vous a trahi, de ne croire plus en l'amour juste parce qu'un d'entre eux a été infidèle, de jeter toutes les chances d'être heureux juste parce que quelque chose n'est pas aller dans la bonne direction.
    Il y aura «toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle. Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ...» - Le petit prince

    RépondreSupprimer

Archives du blog